Nous avons discuté avec Tim Busker et Jeroen Aerts de l'Institut des études environnementales (IVM) de l'Université libre d'Amsterdam de leurs recherches à venir menées dans le cadre de notre programme.
Bonjour Tim et Jeroen, merci de prendre le temps de nous parler. Pourriez-vous parler un peu de votre travail et du rôle de votre institut aux lecteurs ?
Tim : Bien sûr. Je suis chercheur postdoctoral spécialisé dans les systèmes d'alerte précoce et les mesures d'anticipation des inondations et des sécheresses. Dans le cadre du programme JCAR ATRACE, je dirige l'étude comparative sur les systèmes de prévision des inondations et d'alerte précoce (FFEWS) dans la région du Benelux +.
À l'Institut des sciences environnementales (IVM), nous modélisons les inondations et l'effet des options d'adaptation, telles que les solutions basées sur la nature ('nature-based solutions') comme les bassins de rétention et le reboisement, et les actions prévisionnelles comme la mise en place de barrières anti-inondation. Mon travail comprend la prévision des inondations et la simulation des processus à l'aide de modèles informatiques, ce qui améliore notre capacité à émettre des alertes en temps utile et à améliorer les stratégies d'intervention.
L'IVM est un institut interdisciplinaire qui intègre des connaissances en climatologie, hydrologie, comportement individuel et politique. Notre objectif est de faire le lien entre les processus naturels et les impacts sociétaux, afin de favoriser une meilleure préparation et des interventions plus efficaces contre les inondations et les sécheresses.
Jeroen : Je suis professeur spécialisé dans les risques liés à l'eau et au climat, et je me concentre en particulier sur les événements météorologiques extrêmes, tels que les inondations. Mes recherches consistent non seulement à quantifier les risques associés aux inondations, mais aussi à explorer des stratégies efficaces pour atténuer ces risques. Un aspect crucial de la gestion des risques d'inondation est la mise en place de systèmes d'alerte précoce. Ici, aux Pays-Bas, par exemple, nous disposons d'infrastructures telles que des barrages et des stations de pompage, mais de nombreuses mesures supplémentaires peuvent être prises pour améliorer la résistance aux inondations. L'alerte précoce est un élément essentiel de cette stratégie.
Parlons de votre manuscrit. Pourriez-vous nous le présenter en quelques phrases ?
Tim : Nous avons réalisé une étude comparative des systèmes d'alerte précoce en cas d'inondation dans les pays du Benelux et les Länder allemands de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Rhénanie-Palatinat. Alors que la plupart des recherches existantes ont tendance à se concentrer sur les prévisions, notre étude adopte une approche innovante en examinant l'ensemble de la chaîne d'alerte et de réponse. Notre but est de comprendre comment les alertes précoces se traduisent en actions efficaces et d'identifier les lacunes qui existent dans ce processus. Pour recueillir des informations, nous avons mené des entretiens avec des spécialistes des prévisions et des intervenants en cas de crise afin d'évaluer l'efficacité opérationnelle de ces systèmes dans les différents pays.
Jeroen : L'une des recommandations qui en est ressortie est la suivante : les alertes ne doivent pas se limiter à indiquer les précipitations ou les niveaux d'eau. Les experts suggèrent d'intégrer des informations concernant les dommages potentiels et les impacts attendus des inondations prévues. Par exemple, prédire un niveau d'eau de trois mètres peut ne pas fournir suffisamment de contexte. Trois mètres, est-ce inquiétant ? Quatre mètres, est-ce bien pire ?
Tim : Exactement. Les intervenants en cas de crise ont besoin d'informations spécifiques, par exemple pour savoir si leur caserne de pompiers sera touchée et s'ils peuvent encore accéder aux zones d'urgence. Un niveau d'eau de deux mètres présente des risques différents de celui de trois mètres ; si les sacs de sable ne sont placés que jusqu'à deux mètres, ils seront inutiles à trois mètres.
De plus, les intervenants veulent savoir quels hôpitaux et quelles routes risquent d'être inondés. Les informations sur les impacts attendus de la montée des eaux sont essentielles pour leur planification. Actuellement, la Flandre a fait des progrès dans la prévision de l'étendue et de la profondeur des inondations, mais il manque encore des seuils clairs pour émettre des alertes. Dans l'ensemble, il est essentiel de s'orienter vers des prévisions basées sur les impacts. Les gestionnaires de crise soulignent que ce type d'informations est essentiel pour leurs opérations. Cependant, les spécialistes des prévisions soulignent les difficultés à fournir des informations aussi détaillées.
Vous avez mené cette recherche dans le cadre du programme JCAR ATRACE. Comment pensez-vous que ce type de recherche s'intègre dans le programme ? Avez-vous constaté des avantages à faire partie de cette communauté ?
Tim : Je pense que le programme JCAR ATRACE se distingue par son approche transfrontalière ascendante unique, qui le différencie des projets européens classiques. Le projet est défini par les parties prenantes des pays partageant des réseaux hydrographiques : les décideurs politiques et les chercheurs ont défini ensemble des questions de recherche qui servent la politique. De solides efforts de sensibilisation m'ont beaucoup aidé ; les gens ont souvent reconnu JCAR ATRACE, ce qui a facilité l'organisation d'entretiens. Je n'ai eu aucun mal à entrer en contact avec plus de dix organisations prêtes à discuter de leur travail, en grande partie grâce au vaste réseau de JCAR dans de nombreux pays. Notre collaboration en tant que grand groupe d'auteurs a également facilité le soutien et les contributions à tous les niveaux.
Jeroen : La coopération transfrontalière est cruciale, en particulier pour les petits bassins hydrographiques, car le partage d'informations lors de crises telles que les pluies extrêmes est vital. JCAR joue un rôle clé en fournissant une plateforme pour établir des relations et des réseaux durables qui favorisent la collaboration. Cette initiative est unique dans sa capacité à favoriser les connexions nécessaires, et j'ai constaté un grand enthousiasme des deux côtés de la frontière, ce qui souligne l'importance du partage des données. De plus, la combinaison de recherches approfondies à long terme et d'études plus courtes s'est avérée efficace pour obtenir des résultats rapides.
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